{FB} Une question de timing #SAMMY

Levée aux aurores ce matin là, Tamara n'avait pas vraiment eu le temps de se prélasser. La seule chose qu'elle espérait de tout son coeur, alors qu'elle s'apprêtait probablement à passer la journée la plus longue de sa vie, c'était que quelqu'un finisse par lui dire oui. Elle ne demandait pas un engagement à vie, seulement un engagement temporaire qui lui permettrait de se retourner, d'avoir un toit sur sa tête et de pouvoir paisiblement dans un lit confortable. Ou simplement de payer sa part du loyer de la colocation, pour être plus précis. Elle savait ses colocataires, même si elle les connaissait très peu puisqu'elle venait d'arriver, assez conciliants pour ne pas lui avoir fait de reproches ni rien sur le premier mois, mais il semblait évidents qu'elle ne pourrait pas profiter de ce répit ad vitam aeternam.
L'air convaincu, après s'être rapidement préparée pour être présentable, chemisier blanc qui faisait, selon elle, "professionnel", Tamara avait pris ses cv et lettres de motivations qu'elle avait soigneusement mis dans une pochette cartonnée afin d'en déposer un maximum quitte à supplier ou commencer dans l'immédiat s'il le fallait.
Après une dizaine de refus, elle soupira, s'arrêtant devant le starbuck qu'elle trouva, espérant au mois avoir son latte caramel qu'elle aimait tant. Une fois sa commande servie, elle alla s'asseoir pour le boire et en profita pour regarder combien de papiers elle pourrait encore se permettre de distribuer malgré les refus. Il ne lui restait seulement que deux exemplaires. Tant pis. Elle irait réimprimer. Ses pensées se perdirent jusqu'à ce qu'elle remarqua une affiche. Pas de poste particulier. Juste une mention "Nous recrutons". Elle se leva alors d'un bon et s'approcha d'un serveur afin d'avoir l'information sur où trouver un responsable. On lui indiqua rapidement l'endroit en question.
L'entretien ne dura probablement pas plus d'un quart d'heure ou du moins, selon elle. Quand elle sortit du bureau, déjà, le responsable lui donnait toutes les affaires qui lui serait nécessaires avant de lui demander s'il serait possible qu'elle commence rapidement. « Oui bien sûr! » affirma-t-elle avant que, ravi de cette réponse, il ne la fasse aller derrière le comptoir, à la rencontre de ses nouveaux collègues, même si cette situation avait une durée déterminée.

La portugaise était bien contente d'avoir trouvé un travail "aussi vite". Certes, c'était du signé bâclé, amis elle n'en avait rien à faire. Elle savait que ce serait momentané. Mais il était hors de question pour elle de demander à ses parents de lui envoyer de l'argent alors qu'elle comptait bien se débrouiller elle seule du mieux qu'elle le pouvait. Elle n'était pas non plus prête à en parler à sa famille. Elle connaissait Clara. Elle n'avait aucune envie de l'entendre geindre en répéter combien elle était chanceuse d'avoir la chance de faire ce qu'elle voulait. Alors que ce n'était pas tout à fait vrai puisqu'elle se retrouvait obligée de vivre en communauté dans une colocation et qu'elle devait se trouver un job. Elle qui pensait n'en avoir pas besoin avant d'avoir fini ses études. Tu parles oui!
Tamara était assez soulagée. Car, derrière ses gros airs, son nouveau responsable n'avait pas l'air d'être un montre cruel. C'était déjà ça de gagné, et elle s'en rendait bien compte. Il suffisait de voir ses parents pour confirmer que, sur ce coup là, elle avait eu une chance de cocue. Dieu merci, elle était célibataire en ce moment, ce qui ne risquait pas de changer d'aussi tôt d'ailleurs.
Rapidement, elle se rendit derrière le comptoir, sous l'oeil bienveillant, ou du moins osait-elle l'espérer, bien que très minutieux et attentif du responsable de l'enseigne. Elle avait intérêt à s'avérer irréprochable, sinon elle ne verrait probablement même pas la couleur de la rémunération de quelques heures qu'elle aurait fait. Une brune s'approcha d'elle. Elle avait une dégaine comme Tamara rêvait d'en avoir une depuis qu'elle avait arrêté d'aller en soirée chaque nuit. « Merci... Oui, je le suis. J'espère. Autant dire que je n'ai jamais vraiment travaillé, c'est une grande première. » Le fait qu'elle soit nouvelle, ça paraissait évident. Elle se mordit la lèvre en se rendant compte que, si on n'entendait pas vraiment son accent, elle remarquait elle-même très bien ses propres erreurs de prononciation. Heureusement que Little Paris était une ville des plus cosmopolites. Ou du moins, c'était ce qu'elle avait entendu dire.

C'était tout nouveau pour elle. Travailler. Rien que le mot était abstrait à ses yeux. Certes elle travaillait sur ses cours, ses devoirs. Mais contre de l'argent? C'était vraiment la toute première fois! Autant dire, un concept tout nouveau pour elle, vraiment. « Pour l'instant, oui la caisse. » se contenta-t-elle tout simplement de répondre à sa nouvelle collègue, très enthousiaste à l'idée de l'aider. Au moins, elle ne se sentait pas vraiment perdue. Juste ensevelie sous les informations qu'on lui donnait depuis sa signature sur la feuille de papier. Tamara regarda momentanément la "machine" et s'aperçut que ça n'avait pas l'air sorcier. Juste une sorte d'ordinateur. À l'écran tactile. Comme celui que son père avait essayé de lui acheter, mais qu'elle avait simplement refusé parce qu'elle n'en avait pas besoin. Oui voilà, c'était ça.
La dénommée Sammy avait l'air vraiment sympathique et Tamara ne put qu'apprécier sa volonté de l'aider, même s'il était difficile de la suivre tant elle parlait vite. La portugaise s'apprêtait à répondre à la jeune femme en face d'elle lorsqu'elle fut devancée par l'arrivée d'un client. Elle fut un peu prise au dépourvu lorsqu'elle entendit Sammy annoncer que ce serait elle, la nouvelle, qui s'occuperait de prendre sa commande. Elle n'avait pas intérêt à se planter! « Hm hm. » Elle sourit au client. Déjà, elle savait qu'elle faisait mal. Elle ne l'avait même pas salué correctement. Elle saisit rapidement ce qu'on lui dit de faire, ou du moins aussi rapidement qu'elle le put en n'y connaissant rien. « C'est tout ce qu'il vous faudra? » L'accord du client lui fit tourner la tête vers sa collègue. Que devait-elle faire désormais? Cependant elle n'eut pas eu le temps de se le demander que déjà, elle encaissait le client et lui rendait sa monnaie après avoir vérifié par deux fois qu'elle ne s'était pas trompé avec les pièces prises. « Oh là... Merci beaucoup pour ton aide, Sammy. Ah, moi c'est Tamara aussi! »